L’avortement est un ÉCHEC fondamental

En détournant le message promu par la mairie de Paris, les Survivants veulent rappeler :

  • que l’avortement n’est pas une fin en soi : plutôt que de l’ériger comme l’avancée du siècle, travailler à l’éviter devrait faire partie de l’agenda politique et social.
  • qu’avant d’être un droit ou une liberté, l’avortement est et restera l’échec d’une société incapable de protéger la dignité de la vie humaine, qui est elle au fondement de notre système de droit français.
  • que s’acharner sur ce « droit » pourtant déjà acquis ne révèle que mieux l’idéologie mortifère qui ne sait rien produire de plus qu’une version toujours pire d’elle-même.

Il est triste de constater une telle perte de temps et de moyens quand ils pourraient être apportés à l’élaboration d’une politique sociale plus juste et plus informée des réalités médicales, associatives et familiales. Un enfant qui vient au monde est toujours neuf, nul ne le remplacera : il apporte un regard que personne d’autre n’aura. Nous sommes heureux de nous adresser à vous, par-delà les écrans, parce que vous êtes là. Vous êtes une réussite.

Un amour de bicyclette

Coup d’œil à gauche, coup d’œil à droite, je grille le feu rouge : un amour de vélo, ce Velo’v ! Tout à coup, j’entends sa voix qui sort du guidon ; elle me dit gentiment : « Bonjour ! » – « Bonjour ? » – « Oui, bonjour, toi, mon premier utilisateur de la journée ! »

Je suis un peu intrigué : « Qui es-tu, Vélo’v ? » – « Je m’ennuie tellement ! J’aimerais gambader, rouler, rencontrer des centaines de nouveaux Lyonnais chaque jour ! Mais un sur cinq manque à l’appel. Un sur cinq dont je ne connaitrai jamais la voix unique, la couleur des yeux ni le coup de pédale… » – « Mais pourquoi ? » – « Parce qu’il n’est jamais né. Tout a été mis en place pour que sa maman n’envisage jamais de le laisser vivre. » – « Qui ça ? » – « Celui qu’elle portait dans son corps et qui n’était déjà plus son corps ; mais chut ! Je ne t’ai rien dit : on n’a pas le droit d’aborder ce sujet. Tu risquerais une amende, et on dirait que c’est de ma faute. » – « Pourquoi tiens-tu à ces enfants puisque personne n’en veut ? » – « Parce que je les aime. Chaque être humain est digne d’être aimé. »

Un vélo qui parle d’amour, c’est très fort. Je profite de l’occasion.

« Qu’est-ce que l’amour, Vélo’v ? » – « C’est autre chose que le sentiment. Le cœur peut faire boum puis crever, comme un pneu ; mais l’amour est un choix de la volonté : il s’éprouve dans le temps et la fidélité. L’amour, aimer quelqu’un, c’est le voir tel qu’il est, et lui dire : “Il est bon que tu sois” ; “Il est bon que tu sois, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu continues à exister tel que tu es. ˮ »

Nous nous quittons.

« Retiens ceci, utilisateur, je te confie mon secret : chaque vie a une valeur infinie. Mais motus, hein ? Si on savait que je te l’ai dit, on m’enverrait au recyclage. » Je lui lance un regard complice. « Allez, roule ! » Il clignote joyeusement de ses phares en guise d’au-revoir.

Tu le rencontreras sans-doute, lecteur, ce Vélo’v qui parlait d’amour : je lui ai laissé ma carte de visite sur son capot arrière.

Communiqué de presse

De l’opportunité de continuer ou de se taire !

Pour la deuxième fois, nous, les Survivants, vous posons cette question sur vos Vélib’ : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? ». Pourquoi revenir sur ce sujet, encore et encore – question si personnelle et qui peut vous sembler si culpabilisante ? Nous montrons que nous serons toujours là pour lever le tabou sociétal.


Nous n’attendons pas qu´on nous donne la légitimité de parler : nous la prenons car nous avions 1/5 chance de ne pas vivre. Autour de nous, ce sont des frères et sœurs qui ne sont pas nés, ce sont des amis que nous n’aurons pas, ce seront des personnes qui ne nous tendront pas la main au moment où nous en aurons besoin.


Nous sommes tous uniques. Personne n’est remplaçable. Le « bon moment » pour avoir un enfant tient surtout à ce que la société veut bien proposer aux femmes comme alternative à l´avortement. La question s’adresse à tous. À vous, les hommes, qui avez abandonné cette copine devant la responsabilité de vos actes que vous ne vouliez pas assumer. À vous, cadres d’entreprise, qui avez fait passer la rentabilité avant l’accompagnement des femmes dans leur grossesse. À vous, parents, qui avez refusé la parentalité à vos enfants jugés trop jeunes. À vous tous : quelle société voulons-nous ? Une société qui permet de faire passer son confort avant les autres, ou bien un dépassement de soi-même ?


Si nous nous sommes levés de bon matin, cela n’a jamais été par volonté de nuire -de vous nuire, soyez en certains : au contraire, nous nous levons pour construire une société plus solidaire, dans laquelle la nouvelle d’une grossesse, même imprévue, n’est pas la fin d’un monde mais la promesse de son renouvellement.

Vélib’

Souvenez-vous de la première fois où -le cœur battant, la boule au ventre- il nous a fallu décoller nos petits pieds d’enfant du sol, pour amorcer notre premier tour de pédale, puis le second, pour enfin gagner assez de vitesse en gardant l’équilibre : vous qui prenez ce Velib’, ne vous souvenez-vous pas de toutes ces fois où, comme l’enfant qui apprend à faire du vélo, vous avez osé l’aventure ?

L’aventure, c’est bien celle de la vie : tel un défi, on y rencontre l’imprévu car le risque 0 demeure une utopie. Si les aléas de l’existence participent à notre bonheur ou à notre malheur, à nos cruelles déceptions ou à notre espérance, voilà que nous sommes acteurs de notre propre vie. Difficile de le nier sans faire injure à la liberté humaine.

Donnons à tout enfant à naître sa chance d’être heureux : devant la complexité d’une situation, attaquons-nous aux déterminismes. Laissons-le tenter l’aventure de la vie !

Jeunes révoltés face aux souffrances et injustices provoquées par l’avortement, les Survivants ne vont pas se taire. Depuis 1975, on nous dit que l’avortement ne concerne que la femme : c’est un mensonge. Nous sommes tous concernés puisque nous avions 1 chance sur 5 de ne pas vivre. Chaque année, en France, 220.000 enfants sont tués et 800.000 autres naissent, ce sont « des survivants ». Nous ne connaîtrons jamais notre sœur ou frère arrivé trop tôt ou trop tard. Au fond, subsiste en nous cette question lancinante : « Si mon frère, ma sœur est mort, alors pourquoi suis-je en vie ? »

À cette angoisse, nous proposons une réponse, qui est notre joie de vivre pour narguer tous ces prophètes de malheur et ainsi, affirmer à la société toute entière que chaque vie vaut la peine d’être vécue.

À l’heure où une proposition de loi vise à inscrire l’avortement dans la Constitution, les Survivants ont décidé d’agir au nom de tous ceux qui nous manquent. Nous ne tolérerons pas une norme suprême dichotomique où l’avortement, au même titre que le droit à la Vie deviendrait un droit fondamental.

Rejoins-nous pour changer la société et proclamer que le meilleur IVG est celui qu’on évite !

Droit de réponse dans Konbini – Emile Duport, pour les Survivants

Oui, prenons soin des femmes en détresse

Au risque de vous surprendre, j’ai lu attentivement cette Lettre ouverte et il se trouve que je suis d’accord avec certains points qui me paraissent très importants !

Oui, c’est vrai que les femmes qui ont recours à l’avortement (ou qui se posent la question) sont des « personnes qui ont souvent besoin d’aide. Elles peuvent être déboussolées, elles peuvent avoir besoin de cacher à leurs parents une grossesse non désirée […] elles sont peut-être fragilisées et plus facilement influençables », pour reprendre les termes de la Lettre.

Je l’observe dans les nombreux témoignages de femmes que j’ai rencontrées. C’est tout à fait exact et on ne prend pas suffisamment en compte cette dimension de détresse vécue à ce moment précis de leur vie. Ces femmes sont fragiles, leur monde semble s’écrouler et bien souvent elles se sentent très seules. Alors que faire ?

Doit-on uniquement leur rappeler leur droit à l’avortement ou bien doit-on faire plus ?

Il nous est reproché de donner alors à ces femmes des informations dites « trompeuses »…

Est-ce tromper que prendre le temps d’écouter ces femmes, leur permettre d’expliquer leur situation, souvent compliquée et toujours particulière ?

Est-ce tromper que de dire à ces femmes que l’avortement est une des solutions possibles mais pas la seule ?

Est-ce tromper ces femmes que leur dire de prendre le temps de la réflexion ? Une fois l’avortement effectué, il n’y a pas de retour en arrière possible…

 

Quelles solutions durables ?

Encore une fois, je rejoins les rédactrices de cette Lettre ouverte qui pointent du doigt le problème que rien n’est fait aujourd’hui, après un avortement pour « mettre en lumière ces ressentis et ces expériences, réfléchir à des solutions durables pour atténuer la honte et la culpabilité ».

Personnellement, je n’aurai pas parlé de « honte et culpabilité » mais en écoutant les femmes qui ont vécu une IVG, on ne peut nier leurs questions et leurs doutes : « Et si je l’avais gardé ? Il aurait aujourd’hui tel âge… Je ne suis pas sûre d’avoir fait le bon choix… ».

Toutes ne disent pas ça, mais beaucoup se posent des questions. Et quelles solutions leur sont alors proposées ? Rien, à part les sites qui prennent le temps de les écouter et les soutenir…

 

Stop aux combats d’arrière-garde

Nous sommes en 2016, bientôt 2017. Ce ne sont plus les années 70…

Aujourd’hui, ce qui nous importe ce n’est plus la question du droit à l’avortement, mais la question du soutien et des réponses qui peuvent être apportés aux femmes en détresse avant ou après un avortement. Ces femmes ont le droit de demander de l’aide et nous, nous avons le devoir de leur en apporter.

La question de l’avortement clandestin en France est un combat dépassé pour nous, jeunes générations. Notre combat se porte sur le bien-être des femmes, des hommes et des enfants qui vivent ou subissent un avortement. Je choisis le terme « subir » à dessein car des hommes et des femmes l’ont vécu de cette façon-là, il faut en être conscient.

Les témoignages de toutes ces femmes qui ne vont pas bien, de ces hommes qui se sentent mis sur la touche, de ces enfants traumatisés sont bien réels ! Ce ne sont pas des inventions ni des mensonges. Et ce n’est pas une loi votée il y a 40 ans, avant même notre naissance, qui va nous procurer le réconfort qui nous fait défaut…

 

Qui manipule qui ?

Dans cette Lettre ouverte, je suis accusé de manipulation des faits. Mais je m’insurge ! C’est moi, et avec moi tous les Survivants que nous sommes, qui à notre tour voulons dénoncer cette manipulation et ces amalgames.

Nous refusons votre jugement binaire : pour ou contre l’avortement, pour ou contre vous. Laissez notre génération suivre sa route et décider pour elle-même. Nous avons le droit de nous poser des questions, de rechercher ce qui est bon ou non pour nous. Laissez-nous vivre à notre façon.

Pouvez-vous prétendre en toute conscience qu’une femme qui avorte n’aura jamais de peine ou de regret ? Pouvez-vous nous assurer que l’avortement est un acte sans risque physique ou psychologique ? Non, bien sûr que non. C’est un acte important et qui mérite d’en prendre la mesure.

Nous souhaitons que l’information autour de l’avortement soit lucide et complète, et que l’on permette aux femmes, aux familles impliquées de pouvoir prendre le temps de la réflexion, en envisageant toutes les possibilités.

Serez-vous contre ce droit à l’information ? Êtes-vous sûres de vraiment chercher le bien des femmes en refusant le débat ?

 

Pour finir, en accord avec ce que vous dites dans votre lettre, je pense que les questions de sexualité ne doivent pas uniquement reposer sur la responsabilité des femmes.

C’est pour cela qu’en tant qu’homme, je souhaite que le débat soit ouvert, respectueux de chacun et dans le seul but de venir en aide à ceux qui souffrent, bien au-delà des débats idéologiques qui appartiennent au passé.

Emile Duport

Délit d’entrave : fin de la Démocratie numérique ?

 

Ce jeudi 1er décembre, Laurence Rossignol Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, propose à l’Assemblée Nationale de voter l’amendement dit du “délit d’entrave numérique à l’IVG”.

La ministre nous reproche de manipuler les femmes et d’entraver leur accès à l’IVG.

Entraver signifie empêcher l’accès, mettre un obstacle, bloquer un chemin. Avons-nous bloqués qui que ce soit ? Nos actions, le débat que nous avons, a-t-il interdit une femme de procéder à une IVG ? Jamais.

Il est évident que l’éducation, la bienveillance envers les personnes, ne peut se réaliser par l’indifférenciation, par un relativisme distant, par une neutralité qui traduit plus un refus d’agir, qu’un respect de l’autre.
Nul n’attends d’un ami qu’il soit neutre, au contraire on attends qu’il se mêle de notre histoire, qu’il s’intéresse à nous, qu’il prenne parti, parce qu’il nous aime. Si l’entrave est le fait d’intervenir, alors toute forme d’éducation, à commencer par les lois sur la santé, le code de la route, sont une entrave à la liberté de chacun. Pourquoi alors l’Etat continue-t-il à faire respecter les feux rouges ? Car s’il ne remplissait pas son rôle d’éducateur, la vie des citoyens serait mise en danger.

Vouloir réduire le nombre d’IVG, orienter les femmes qui sont dans le doute par rapport à leur détresses, n’est pas une entrave à leur liberté, mais bien un désir d’aider celles qui trop souvent ne souhaitent pas connaître le drame qu’est l’IVG, comme aimait à le rappeler Simone Veil, lors de son discours à l’Assemblée Nationale.

Les Survivants sont un mouvement spontané et désintéressé : nous sommes là pour les femmes, non pas pour leur imposer un choix, mais pour les aider à choisir en toute liberté, en connaissance TOTALE de la chose.

Nous sommes un mouvement libre, libre de toute attache institutionnelle, nous ne sommes pas une administration. Ainsi ce délit d’entrave ne nous touche pas.

Nous sommes le père, le conjoint, la soeur, les parents, les amis, qui ne veulent plus laisser seules les femmes dans la détresse, l’angoisse d’un choix trop lourd à porter seul.

Nous ne laisserons jamais personne entraver notre joie de vivre et notre droit de parler.