IVG: le débat enfin affronté ?

Voici l’amendement adopté, modifiant et réécrivant l’article L. 2223-3 du code de la santé publique :
« Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption de grossesse (…) en exerçant des pressions morales et psychologiques, des menaces ou tout acte d’intimidation à l’encontre des personnels médicaux et non médicaux travaillant dans ces établissements, des femmes venues y subir ou s’informer sur une interruption volontaire de grossesse ou de l’entourage de ces dernières par tout moyen de communication au public, y compris en diffusant ou en transmettant par voie électronique ou en ligne, des allégations, indications de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse. »

 

Mais quelles en sont les conditions ?

Il est évident que le texte vise ceux qui dissuadent sur le web de pratiquer l’IVG et ne concerne d’aucune manière ceux qui le promeuvent. Ce texte autorise à s’exprimer non pas ceux qui publient des informations neutres mais uniquement ceux qui viennent faire la promotion de l’IVG.

Comment alors déterminer qui tombe sous la guillotine de cet amendement ? Qui est coupable ? Celui qui se pose des questions quant aux alternatives à l’IVG ? Celle qui tente de répondre à la souffrance des femmes ayant subi une IVG ? Celui qui tout simplement pense personnellement qu’il est contre ?

La primaire de la droite et du centre a fait ressortir ce sujet  délicat, et le vainqueur de cette dernière, a lui-même reconnu être contre l’avortement d’un point de vue personnel.

Un candidat à l’Elysée serait donc en “délit d’entrave “ ?

 

Un non-sujet ?

Alors qu’il semblait être un non-sujet, enterré depuis 40 ans, la question de l’IVG en France ne semble au contraire pas du tout résolue, et pose toujours autant d’interrogations quand à son application et sa définition même dans notre société.

Si les politiques évitent le sujet épineux à quelques rares exceptions, ils ne se gênent pas pour lancer le débat afin de fragiliser leur adversaire. C’est l’actualité brûlante de ces derniers jours clôturée par un vote ne laissant aucune place au doute : les français sont touchés par la question de l’avortement, 72% pensant que la société devrait aider à réduire le nombre d’IVG en France(1). Mais alors si une portion significative de l’électorat choisit comme candidat à la présidentielle, un homme qui lui-même avoue être contre l’IVG d’un point de vue personnel, on peut penser que les français ne sont pas indifférents à la question de l’avortement, et que ce dernier les concerne donc bien.

 

Une méconnaissance du problème:

Le retour du débat de l’avortement sur la scène publique et politique lors de la primaire de la droite et du centre manifeste non-seulement que le débat n’est pas clos, mais aussi qu’il y a une grande incompréhension sur le sujet.

Alain Juppé et François Fillon lorsqu’ils évoquent le droit à l’IVG s’en réfèrent systématiquement à la loi Veil.

Or celle-ci est totalement dépassée, transformée par les lois successives de Najat Vallaud-Belkacem(2). Simone Veil a toujours été opposé au fait de considérer l’avortement comme un droit. En 1974 déjà, elle affirmait la nécessité de ne pas confondre l’avortement, « que la société tolère mais qu’elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager », avec la contraception. Son discours était limpide: « L’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. »

La Commission de Strasbourg réaffirmait d’ailleurs le 10 décembre 2013 que l’IVG ne saurait être un « droit ».

Ainsi, première incompréhension, puisque la loi actuelle, bien loin de défendre la loi initiale la contredit sur plusieurs points, venant même à mettre en avant ce qu’elle interdisait. La loi du n°75-17 du 17 janvier 1975 relative à l’interruption volontaire de grossesse, dite Loi Veil, prévoyait ainsi un délit relatif à la propagande (c’est le terme juridique). Il punissait le fait d’inciter à l’avortement ou d’en faire la publicité, y compris quand l’incitation n’avait pas été suivie d’effet. L’amendement récent sur le “délit d’entrave à l’IVG” manifeste encore une fois le manque de cohérence du gouvernement sur sa position. Souhaite-il garantir l’accès à l’IVG aux femmes dans la détresse ou bien promouvoir à tout prix l’IVG et en augmenter le nombre ? (Comme l’amendement mis en place pour garantir un “minimum obligatoire” dans les centres d’IVG).

François Fillon, malgré les contradictions de son parcours politique, affirme ne pas se sentir légitime pour prendre part au débat sur l’avortement, au simple fait qu’il est un homme.

Ces propos traduisent une méconnaissance du poids de l’influence masculine sur les décisions d’avortement en France. Bien souvent, des femmes choisissent d’avorter parce qu’elles ne se sentent pas soutenues par leur conjoint voir même rejetée dans leur grossesse.

En tant que Survivants, nous nous étonnons de ce recul de tant d’hommes, à commencer par celui des pères, qui refusent désormais d’assumer leur paternité. L’IVG concerne toute la société, ce qui n’exclut pas la femme de son rôle et de son droit, mais au contraire la remet au centre de cette question.

Nous voulons soutenir les femmes, pour qu’elles ne soient plus victime de la démission de leur entourage, et ensemble trouver les solutions adéquates pour faire de chaque grossesse un moment de solidarité.

 

Source:

(1) Sondage IFPOP pour Alliance Vita : Les Français et l’IVG.

(2) Loi no 2014-873 du 4 août 2014

Aux bébés inconnus

En seulement quatre ans, le tiers de notre jeunesse a été décimée.

Le mouvement Les Survivants, non violent, humanitaire et pacifique, s’unit naturellement à cet hommage national, à la souffrance de ces mères de combattants, qui n’ont jamais pu se recueillir sur la tombe de leur fils tombés pour la France.

Nous ne pouvons pas ignorer qu’un drame semblable et plus silencieux encore se déroule désormais au sein même de nos familles, nous privant chaque année d’un cinquième de notre jeunesse.
Ces  enfants  avortés  eux  aussi  sont  privés  de  sépulture  et tombent dans l’oubli.
Pour eux, pas de cérémonie, pas plus que pour leurs mères, à qui l’on interdit jusqu’au deuil de leur enfant, en leur répétant sans cesse qu’ils n’ont jamais existé.

Pour une paix totale et définitive, donnons-nous les moyens de garantir que chaque maternité puisse se vivre sans pressions financières ou psychologiques.
La première guerre mondiale comme l’IVG ont blessé les femmes dans ce qu’elles ont de plus intime
et de plus fragile : leur maternité.

Pour les femmes d’hier et d’aujourd’hui, relevons nous maintenant !
Le meilleur est à venir

Indignation sélective

Une nouvelle vidéo de L 214 montre des vaches restantes abattues et éventrées près de Limoges. Des concerts d’indignation et de dégoût se sont élevés de toutes parts.

Mais chaque année, un cinquième des grossesses humaines est avorté, dans un silence assourdissant, sans réprobation et sans indignation. Dans quelle société peut-il y avoir un décalage aussi violent entre dignité humaine et animale ? Notre monde est malade d’indifférence. Nous sommes prêts à nous émouvoir du sort de foetus bovins, dans lesquels chacun voit un vrai veau, mais incapables de mettre notre confort de côté pour éviter des I.V.G. douloureuses et développer les structures et les aides pour accompagner les femmes enceintes et les jeunes mères.

L’IVG est un échec collectif.

Les Survivants ne portent aucun jugement sur les différentes situations de vie existantes, mais réaffirment le droit de tous à naitre et à vivre. Chaque vie vaut la peine d’être vécue, et c’est notre devoir à tous d’y parvenir.

LA VÉRITÉ SUR LE PLANNING

Sans trop réfléchir, en bref, il pourrait se définir ainsi, pour beaucoup d’entre nous : une institution de santé publique, mise en place par le ministère de la santé, pour un meilleur contrôle des naissances, pour une plus grande liberté de la femme. Une aide gouvernementale proposant contraception et avortement, un moyen de servir la santé des femmes.

Bon, et en vrai ?

Le planning familial n’est pas une institution publique, puisque c’est une association privée.

Le planning familial n’est pas une institution de santé, c’est d’abord un mouvement d’action militante.

Vous pensez sans doute: « oui, et alors ? »

Une association militante suit par définition une pensée particulière.

Nous avons pensé qu’il était intéressant pour les militants de cette organisation, comme pour ceux qui combattent son idéologie, de connaître les membres fondateurs et les origines historiques de ce mouvement du planning familial.

Faisons un peu d’histoire!

Margaret Sanger fonde en 1921 l’American Birth Control League (Ligue Américaine pour le Contrôle des Naissances), qui devient plus tard le Planning familial américain (Planned Parenthood), dont se revendique explicitement le site du planning familial français (cf image).

Margaret Sanger est une militante anarchiste américaine, fervente de l’eugénisme « négatif » : restriction des mariages, stérilisation, et -non ce n’est pas une dénonciation abusive-, l’élimination physique de certains individus portant des gènes indésirables pour « améliorer l’être humain ».

Mais alors qui sont ces individus indésirables ? Son discours est sans ambiguïté, elle ne joue pas sur les mots : ce sont principalement les malades, les pauvres et également les noirs.

Dans une de ses lettres au docteur Clarence Gambler, le 19 septembre 1939, elle écrit “il ne faut pas que circule l’idée que l’on veut exterminer la population noire ». Sur ce plan, c’est plutôt réussi. Qui aujourd’hui pourrait croire que la fondatrice du Planning familial ait pu dire une telle chose ? Un constat est évident : les premières cliniques du planning familial ont été implantées massivement dans les quartiers noirs.

Pour une association prônant la tolérance, le respect de chacun dans son identité propre, cela semble bien curieux et légèrement déstabilisant…

Dans son ouvrage Pivot of Civilisation, elle qualifie ainsi les pauvres et les émigrés : ce sont les « mauvaises herbes de l’humanité », « des reproducteurs imprudents », « ils pondent des êtres humains (…) qui n’auraient jamais du venir au monde ».

Dans Le contrôle des naissances et la nouvelle race, elle explique que ce contrôle vise avant tout à produire « une race plus propre ». « Le contrôle des naissances consiste ni plus ni moins en l’élimination des inadaptés ».

Dans une interview accordée en 1957 au journaliste Mike Wallace, elle dit ainsi : « Je pense que le plus grand péché est de mettre des enfants au monde qui ont des maladies à cause de leurs parents, qui n’auront pas la chance de devenir des être humains dignes de ce nom. Des délinquants des prisonniers, toutes sortes de choses qui sont déjà inscrites à la naissance ».

« Liberté, Égalité, Sexualités » dit le maître-mot du Planning familial : hypocrisie, manque de cohérence ou bien idéologie eugénique sous couvert de bien-pensance?

Où est donc passée « l’égalité des chances » dont on parle tant aujourd’hui?

Le coeur du sujet : la femme?

Finalement, quand Margaret Sanger parle-t-elle des femmes ? Très rarement. L’émancipation de la femme n’est que secondaire dans ce projet de planning familial. Il s’agit bien d’une volonté explicite de contrôler d’abord l’humanité en évitant des naissances dérangeantes pour une société plus « propre »: « Toutes les misères de ce monde sont imputables au fait que l’on permet aux irresponsables ignorants, illettrés et pauvres de se reproduire sans que nous ayons la moindre maîtrise sur leur fécondité » (citée dans « Margaret Sanger, father of modern society » par Elasah Drogin, New Hope, KY, U.S.A.1985).

Elle est favorable à une politique dans laquelle chaque adulte devrait obtenir de l’Etat une permission de mettre au monde un enfant, afin de limiter les dégats. La liberté est ici reine, on ne peut le mettre en doute.

Et en France?

Si encore Margaret Sanger n’était qu’une figure d’exception dans la mise en action de cette entreprise… Mais ce n’est décidément pas le cas.

Pierre Simon est une seconde figure qui ne ment pas.

Pierre Simon est le fondateur du Planning familial en France, en 1960. Il est également le co-fondateur de l’ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité), autrement dit pionnier du combat pour la légalisation de l’euthanasie.

Pour lui, la vie est un « matériau qui se gère. »

Dans son livre De la vie avant toute chose (il avait tout de même un certain sens de l’humour !), il avoue que la réduction du nombre des avortements clandestins n’est pas la seule raison de son combat pour la légalisation de l’IVG et pour l’extension de l’action du planning familial. En effet, il affirme lutter contre la prolifération des « tares génétiques ».

« Bien accoucher, c’était un progrès ; mettre au monde des enfants non handicapés, c’est cela donner la vie », dit-il encore dans son livre.

« Mon corps mon choix » ?

Pour Pierre Simon, apparement non : « Ce n’est pas la mère seule, c’est la collectivité toute entière qui porte l’enfant en son sein. C’est elle qui décide s’il doit être engendré, s’il doit vivre ou mourir, quel est son rôle et son devenir » (toujours dans De la vie avant toute chose).

Le planning familial ne semble donc pas être une institution de santé, qui oeuvrerait pour les droits de la femme, mais une organisation sociétale idéologique où l’individualité de la femme a finalement une place secondaire.

Cessons donc de parler de respect de la vie privée, de choix personnel, et de liberté : ce n’était pas le champ lexical du fondateur français du Planning.

Bref…

Pas très glorieux tout ça!

Mais il est important de saisir la portée idéologique sous-jacente du Planning Familial insufflée par ses fondateurs eux-mêmes. Leurs paroles sont sans équivoque.

Et c’est cette même association qui détient le quasi-monopole de la planification familiale en France.

Et c’est cette même organisation considérée de « santé publique » qui intervient chaque année dans des dizaines et des dizaines d’établissements scolaires, et qui peu à peu réduit le domaine de la sexualité à celui de la méfiance et de la protection purement matérielle (et si ça rate, pas de panique, il y a l’IVG car « celui-ci devrait être considéré comme.  un acte médical comme les autres, faisant partie de la vie de milliers de femmes » dit le site du Planning Familial). Une association parlant vraiment d’amour et de responsabilité ne serait-elle pas plus conforme à l’humanisme dont se targue le Planning familial ?

Et c’est encore cette dernière qui reçoit de grosses subventions publiques pendant que les centres d’accueil de femmes enceintes en situation de précarité doivent se battre pour exister aux yeux de l’Etat.

Donc, OUI il y a bien banalisation de l’IVG aujourd’hui à cause du Planning Familial qui sert une idéologie eugénique présente depuis sa fondation.

Un peu de bonne foi suffit pour le voir avec clairvoyance.

L’ancien capitaine du XV de France : Un survivant !

Il y a des histoires qui vous coupent le souffle. Celle de Pascal Papé en fait partie. Abandonné par ses parents, le chemin a été long et chaotique pour l’ancien capitaine du XV de France.

Le rugbyman se livre « Je suis né trois fois dans ma vie. La première dans des conditions difficiles. La deuxième quand ma petite étoile a commencé à scintiller. Je suis arrivé chez mes parents à 7 mois. Avant, j’étais à la SPA. Ils viennent et ils choisissent. Et quand, à 18 ans, j’ai pu me faire adopter et porter le nom qui est le mien aujourd’hui. » Pendant des années, il se sent menacé dans son bonheur, la peur de devoir quitter sa famille d’accueil le hante. Le rugby est un expiatoire. Sur le terrain et dans les vestiaires, il est comme les autres. Malgré l’adoption définitive, et la possibilité de porter le nom de ses parents, à 18 ans, la souffrance demeure. Le mur qu’il a dressé, pour se protéger, entre les autres et lui l’empêche d’avancer. Toutes les blessures accumulées le rongent progressivement jusqu’à tenter de mettre fin à ses jours. Il est réanimé, et c’est un déclic. L’écriture devient une thérapie, le mur se fissure. Le rugbyman naît une quatrième fois en acceptant son parcours d’accidenté de la vie et en choisissant d’être heureux.

Si on peut tirer un enseignement de cette histoire, c’est qu’on ne choisit pas d’où l’on vient ni d’où on part, mais on choisit qui nous voulons devenir. Pascal Papé, en survivant, a choisi d’être un battant.

 

Pour en savoir plus: http://sport24.lefigaro.fr/rugby/actualites/pape-et-un-soir-je-decide-de-ne-plus-jamais-me-reveiller-828591

Double Jeu. En librairie le 20 octobre. Editions Michel Lafon. 18 ,95 euros.