Nathalie Portman enceinte: Madmoizelle horrifiée !

 

Ok, la grossesse c’est pas tout rose !

 

On ne va pas se mentir : qui n’a pas vécu cette phobie depuis son plus jeune âge ? Une femme qui avouerait sa phobie de l’accouchement, c’est normal ! C’est bien vrai, la grossesse, c’est d’abord une angoisse : je suis enceinte, vertige. Vertige intérieur : ce petit être va désormais venir accompagner chaque instant de ma vie. Vertige physique : envie de vomir, malaises, fatigue, vergetures, poids… Bref, vraiment pas la joie délirante dont on m’avait parlée dans ces doux contes de fée ou même dans les jolis clichés où la maman fraîche et radieuse rayonne. La belle maman au ventre rebondi me faisait rêver jadis, mais je crois que celle de mes rêves n’existe pas…

 

Anxiogène, pourquoi ? Parce que sans cesse on te rabâche que tu dois à tout prix avoir un corps de rêve ! Un corps de rêve : mince (presque sans forme), sans cernes ni vergetures, bref, aucun de ses (petits) défauts qui caractérisent le corps d’une femme enceinte.

 

Mais comment peut-on accepter ça ? Féministe, on ne se laisse pas faire ! On ne supporte pas qu’on nous impose le diktat d’un corps idéal, mais en refusant les transformations physiques d’une grossesse, n’y adhère-t-on pas ?

 

Que la grossesse bouleverse, c’est une chose, d’en être dégoûtée, c’en est une autre !

 

« Malaise », « rejet », « dégoût », les mots sont forts. Le plus étonnant, c’est de ne même pas pouvoir regarder le clip : « On voit le bébé bouger », « moi j’ai pas pu regarder, j’avoue ». Quoique vaille le clip, c’est la réaction qui surprend. Car la vidéo est douce, lente presque ennuyeuse. Alors précisément que nos regards sont habitués à des scènes et sons bien plus violents et des images agressives.

 

Et puis quand même, notre chère Nathalie Portman, ce n’est pas n’importe qui ! Tout le monde est unanime, elle est ultra bien ficelée. Une égérie de la mode, et même elle provoquerait du dégoût ? Donc le malaise est tel que même une femme magnifique ne peut passer outre ?

 

Et curieusement, évoquer la grossesse des stars enceintes, suscite souvent de l’enthousiasme, voire du mimétisme. Mais alors, quand on ose montrer le corps déformé, l’engouement disparaît. Contradictoire non ? Comme si la grossesse séduisait dans l’idée, mais pas dans sa réalité brute.

 

Le problème dans tout ça, c’est que le corps de la femme enceinte est dissocié du fait d’être une mère en devenir. Pourtant une femme enceinte, qu’est-ce d’autre sinon une mère en devenir ? Donc plus que la grossesse, c’est la maternité en tant que telle qui dérange profondément.

 

« L’idée d’un être humain grandissant dans mon corps me fait très peur ». Mais c’est normal ! Ce qui est anormal, c’est qu’on nous fasse croire que la grossesse est facile à accepter. Le fait de vouloir tout maîtriser nous habitue à refuser cette éventualité qui échappe à tout contrôle. Pas facile à accepter, cependant surmontable.

 

Et c’est bien pour cela que la grossesse dure neuf mois. Neuf mois ne sont pas de trop pour apprendre à devenir mère. Neuf mois pour se préparer au moment redouté de l’accouchement qui détaché de la grossesse, est incompréhensible, presque scandaleux même.

 

L’accouchement ? Une déchirure physique, mais aussi intérieure : renoncer à ne vivre plus que pour soi, accepter de vivre pour deux. Au fond, c’est cela qui rend la grossesse si difficile, ça nous rebute, car elle est un renoncement. Et l’accouchement n’est rien d’autre que le parachèvement d’un véritable sacrifice. Mais il est bien moins terrible si ces neuf mois se sont écoulés comme une préparation, et c’est précisément ce que la société ne nous aide pas à faire. Et puis certes, un bidon déformé, voire un embryon ce n’est jamais très sexy, mais un an plus tard, tout le monde craquera devant sa bouille : cela n’en vaut-il pas la peine, même au prix de quelques vergetures ? Et puis, après tout, pour quelques vergetures on gagne aussi trois bonnets !

 

Pour le bien des mamans, pour rendre plus acceptable la réalité de la grossesse, il est donc urgent de quitter ce présupposé mythique d’une attente rose et facile. Mais toutes les mamans témoigneront aussi des moments de grand bonheur qu’elles connurent aussi pendant ces mois ! Attention, tout n’est pas tout noir.

 

 

Source

Article Madmoizelle

 

Clip:

Survivants : Mais survivants de quoi ?

Selon Philip G. Ney (pédopsychiatre canadien) et John E. Barry (pédiatre néo-zélandais) on distingue deux formes de survivants : ceux qui ont échappé à la mort (par exemple dans un accident de voiture ou dans un attentat), alors qu’ils étaient directement menacés par la mort ; et ceux qui ont perdu un ou plusieurs proches de morte violente, et qui ont donc ont été menacés indirectement par la mort. Robert J. Lifton (psychiatre américain) en 1967 propose la définition plus large : c’est celui qui est entré en contact avec la mort, soit de manière corporelle, soit psychique, et qui est resté vivant.

« Le survivant » est une notion établie à partir des survivants de camps de concentration, de guerres ou de catastrophes. C’est en 1961 que W. G. Niederland (psychanalyste germano-américain, d’origine Juive) écrit le premier sur « le syndrome du survivant ». On peut énumérer quelques symptômes observés sur ceux qui s’appellent aussi « les survivants de l’avortement » – terme élaboré par le professeur Philip G. Ney[1] en 1980.

Ces symptômes concernent tous ceux qui ont expérimenté l’avortement (même si l’avortement n’a seulement qu’été envisagé). La situation devient encore plus frappante parce que ces symptômes concernent tout autant ceux qui sont dans l’ignorance des morts de leur fratrie. Pourquoi ? Peut-être que nous sommes liés les uns les autres plus étroitement que nous l’imaginons. La conception d’un être dans la famille provoque probablement tout de suite un lien psychique avec tous les autres membres de ce foyer. Peut-être cela se passe t’il « automatiquement » c’est à dire au-delà de notre perception consciente par le seul fait de la conception. Ces liens avec les autres sont tellement forts que sans ces personnes, il est difficile de se comprendre, elles manquent définitivement dans une famille touchée par l’avortement.

Donc les survivants de l’avortement vivent dans la crainte de la mort. Si on peut dire que tout le monde vit dans cette perspective, il faut ajouter que les survivants éprouvent la panique de la mort et pour cela sont dans une insécurité permanente. Ce n’est pas étonnant  parce que leur vie était exposée au danger de la mort. Cela provoque ensuite l’angoisse existentielle d’une tragédie qui doit venir et les détruire. En même temps, parce que les survivants sont touchés profondément par cette crainte de la mort, ils veulent soit apprivoiser la mort en flirtant avec elle (ils s’exposent plus au moins consciemment aux risques de perdre la vie) soit ils veulent se détruire directement : le suicide ou indirectement (les drogues, l’alcool, les dépressions graves). Alors ils ont des tendances autodestructrices très fortes.

Les survivants de l’avortement comme tous les survivants (des catastrophes ou des accidents) vivent dans la culpabilité existentielle qui se traduit par : « pourquoi suis-je en vie (et les autres non) » ? C’est le sentiment profond qu’ils ne devraient pas être en vie et qu’ils ne la méritent pas. Parfois ils sont tourmentés par le sentiment qu’ils ont même contribué à la mort de l’autre personne c’est-à-dire leur fratrie. Ils ne cessent de s’excuser d’être en vie et de justifier devant les autres (et par rapport à eux-mêmes) leur propre existence. Peut-être à ce symptôme s’ajoute encore la culpabilité de leurs propres parents qui sont responsables de l’avortement. Parfois les parents ne veulent pas prendre leur responsabilité donc de ce fait ils culpabilisent les enfants pour des motifs plus ou moins légers. Dans la maison des survivants «le jeu» qu’ils connaissent le mieux c’est  « le jeu du : qui est coupable ?». Et les survivants sont très doués pour ce « jeu », à leur tour ils rendent facilement les autres responsables mais en même temps ils sont très vulnérables enclin à la manipulation au moyen de la culpabilisation des autres.

Les survivants plus au moins consciemment veulent vivre (en vain) la vie de leur fratrie et par conséquent, ils n’arrivent pas à développer leurs propres talents et capacités. Ils sont préoccupés à satisfaire les attentes des autres mais non pas leurs propres désirs profonds ou les projets de leur vie. De ce fait, ils négligent leurs propres désirs ou simplement ils n’arrivent pas à les trouver en eux-mêmes. Ainsi, ils ont plus de difficultés à trouver leur propre identité. Les survivants sont bloqués au niveau de leurs dispositions naturelles et par conséquent, ils ont des difficultés à mûrir c’est à dire à atteindre une certaine maturation de l’homme adulte. Ils ont peur de mûrir. Ceci en partie parce qu’ils n’ont pas vécu une enfance sécurisante et aussi parce que leur avenir leur semble incertain (le sentiment morbide que la peine de mort ou une autre catastrophe est seulement en sursis pour eux).

En cherchant en vain leur fratrie, ils se plongent plus facilement dans un  monde fantaisiste, d’imagination intérieure que dans la réalité. Parfois les survivants sont obsédés par la présence manquante de leur fratrie jusqu’au point d’avoir des hallucinations, de les voir et ce désir profond de les retrouver, se termine parfois par des symptômes schizophrènes.

Alors parfois même si les survivants ne sont pas informés de la mort de leur fratrie, ils cherchent cette fratrie continuellement dans diverses relations surtout dans les relations intimes. Ils cherchent la proximité dont ils étaient privés c’est-à-dire la proximité qui existe normalement entre un frère et une sœur. Alors ils s’approchent des autres en espérant (inconsciemment) qu’ils retrouveront leur fratrie. Donc parfois cela conduit à l’homosexualité (si la fratrie était du même sexe) soit à la relation conjugale insatisfaite. Cela arrive  pour la « simple » raison que les survivants n’ont pas cherché vraiment la relation mature entre homme et femme mais la proximité offerte par les enfants de la même famille. Ce désir de trouver la fratrie manquante est si fort que parfois les survivants passent toute leur vie à reproduire la même sorte de relations intimes, celles qu’ils cherchent toujours en vain.

Les survivants touchés profondément par « la trahison » de leurs parents qui ont empiété sur la vie des autres enfants, ont acquis une méfiance fondamentale. La méfiance qui affecte toutes leurs relations : avec les autres, avec eux-mêmes, avec Dieu. Cela conduit aussi à la confusion par rapport à l’amour. On attend normalement l’amour du côté des parents, si ceux-ci ont supprimé l’un de leurs enfants, les autres, c’est-à-dire les survivants, sont troublés dans leur conception de l’amour. Comment est-il ? Existe-t-il ?

La méfiance à son tour induit la peur des relations, la peur du vrai engagement (souvent ces êtres restent comme les spectateurs de leur vie). Ce qui s’est passé dans la famille et qui est resté des années comme non-dit ainsi que « les secrets » provoquent naturellement chez les survivants de la colère contre leurs parents. Mais en même temps, les enfants, en ressentant cette fureur envers leurs parents, se culpabilisent et s’accusent de ne pas avoir été assez bons. Alors la rage est plus ou moins consciente et elle se traduit finalement par une agressivité intérieure qui attend parfois de s’exercer sur les autres. D’un autre côté, les survivants, « habitués » à l’agression qui s’est passée dans leur propre foyer, ont une attitude de passivité face à la violence des autres personnes ou ils ont une tendance complètement opposée : sauver toujours les autres.

Et enfin, les survivants, comprenant le moyen «de résoudre les problèmes » d’une grossesse indésirable, décident (souvent) à leur tour d’avorter de leurs propres enfants. Alors, de cette façon, le cercle vicieux se ferme tragiquement. Il tourne de générations en générations, les survivants qui se rendent compte de leur tragédie, sont ceux qui appartiennent parfois à la troisième ou à la quatrième génération de ce cercle. De ce fait, les survivants viennent souvent de l’origine des familles où leurs propres parents étaient d’abord des survivants, soit des négligés au sein de leurs foyers.

Comment peut-on briser ce cercle ? Par la réconciliation profonde avec les parents, une réconciliation pas facile, face à une vérité douloureuse, mais en même temps libératrice. Et enfin : dans le deuil des personnes qui manquent dans ma propre vie et sans lesquelles je ne peux pas me comprendre.

 

Jan JANKOWSKI – Un Survivant

 

[1] Cet écrit est en grande partie basé sur le livre de Philip NEY : « Une humanité profondément blessée. Une approche des conflits intérieurs liés à l’avortement et aux abus dans l’enfance », Association Internationale Des Conseilleurs Hope Alive (IHACA), Ethos Diffusion, Strasbourg 2011.

Journée de la Femme

 

En deux mots, qui est-elle ?

 

Née en Belgique en 1903, elle grandit dans le Nord de la France, en pleine campagne. Petite fille curieuse, des yeux transparents, elle est orpheline de mère, et commence très jeune à écrire. Elle publie tôt un recueil de poèmes, et dira plus tard que sa « première patrie ont été les livres ». Elle voyage beaucoup, et après diverses relations amoureuse, elle part rejoindre Grace Frick, son éditrice et compagne, aux Etats-Unis. Elle est élue à l’Académie en 1980, et décède en 1987.

 

Malgré ce panel de vie, l’égérie du féminisme et symbole historique reste cependant en marge du féminisme contemporain. Elle invite à la prudence à propos du chemin que prennent les femmes, qui pour s’affirmer, s’opposent à l’homme : Marguerite partage la bonté de leur finalité, s’émanciper et promouvoir plus d’égalité, mais elle ne s’accorde pas avec les moyens pris pour l’atteindre. Les femmes, en se définissant par l’opposition, se mettent en marge, forgent d’elles-même leurs propres ghettos qu’elles auraient refusé jadis si on les leur avait proposé : restaurant ou boîte de nuit pour femmes, qu’en auraient-elles pensé il y a cinquante ans ? Elles se seraient bien indignées ! La femme se met en marge, alors qu’elle doit précisément dans son combat s’affirmer comme être humain au même titre que l’homme !

 

« La femme est un être humain, au même titre que l’homme » dit Marguerite. Banalité ? Mais pourtant, pas tant que ça ! La femme veut se distinguer à tout prix, mais au fond, elle lui ressemble énormément. À part tout ce qui touche à l’ordre sexuel, elle se comporte à peu près comme un homme : elle marche, elle touche, elle digre, elle respire ! Incroyable ?

 

Donc…

 

Aujourd’hui, ce qui cloche : se considérer comme un groupe à part ou bien encore en opposition à l’homme, alors qu’homme et femme partagent la case « être humain ». Certes les lois désavantageaient et désavantagent les femmes, de nombreuses choses méritent d’être revues, comme les salaires, ou encore des mesures grotesques comme le fait de pouvoir mettre sa femme en prison pour infidélité !

 

Mais Marguerite invite à la nuance : oui au XVIIe siècle les femmes n’étaient pas académiciennes, mais laissons libre cours à notre imagination, dans la petite bourgeoisie, qui était au comptoir, qui gérait les fonds ? Les femmes régnaient, elles étaient de vrais maîtres de maison, on en a tous l’image en tête. Pas dans les lois, mais dans la vie. Donc Marguerite met en garde sur la distinction importante à faire entre cadre légal et mœurs !

 

Allez on pousse un peu plus loin !

 

À l’occasion de la journée de la femme, la parole de Marguerite invite à se requestionner sur ce que doit vouloir la femme et comment l’atteindre : oui pour une plus grande égalité, mais non pour se construire en marge, en opposition. Ceci les desservirait. Ne pas se construire en opposition ne veut pas dire « on abdique de toutes nos différences » ! Non, au contraire, soyons fières d’être des femmes. Mais comme le dit Marguerite, qu’est-ce qui rend vraiment spécifique la femme par rapport à l’homme ? Sa sexualité !

 

Alors, ça veut dire quoi ? Si sa sexualité la rend spécifique, c’est qu’il y a dans cette sexualité quelque chose de spécifique. Quoi donc : sans chercher midi à quatorze heure, ce ne serait pas sa maternité ? Le dire aujourd’hui fait presque mal à la bouche, car ceci s’entend comme une faiblesse par rapport à l’homme. Mais si on partage une même étiquette « humain », qu’on quitte ce rapport d’opposition, qu’on cultive la spécificité, alors pourquoi ne pas en être fière :  la maternité n’est pas une tare ni une différence discriminante, elle est une spécificité voire un plus !