Juger les femmes ? No way !
Devant le déluge de messages qui nous parviennent de personnes qui se sentent blessées par le mouvement, il nous semble indispensable d’apporter quelques précisions sur la nature de notre engagement.
Il n’est jamais évident de devenir la demeure d’un autre. Une femme lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte se sent la plupart du temps dépassée par ce qu’elle vit.
Ne dit-on pas « tomber » enceinte ?
On se sent toujours trop petite, trop pauvre, trop incompétente pour porter un enfant surtout lorsqu’il arrive à un moment où on le l’attendait pas ! D’ailleurs la plupart du temps, ce n’est pas un enfant mais un « quelque chose » qui grandit en nous et qu’il faudra 9 mois pour appeler mon fils ou ma fille…
Donc, on a le droit de pleurer parce qu’on est enceinte, on a le droit de ressentir le désir d’avorter.
Nous savons que personne n’avorte de gaieté de cœur !
Certaines d’entre nous ont avorté et savent trop bien ce que c’est pour se permettre de juger les femmes qui ont eu recours à un avortement.
A l’époque, il nous semblait que c’était la seule solution qui se présentait à nous. Nous ne pouvions faire autrement.
Il n’est jamais évident d’être enceinte surtout quand on ne se projette pas dans une vie à deux avec le père ou que ça n’est tout simplement pas le bon moment.
Beaucoup d’entre nous n’ont pas trouvé de soutien dans leur entourage et personne pour les encourager, les soutenir.
Nous avons avorté pensant que c’était la seule chose à faire parce que personne ne nous a dit le contraire.
Nous avons été les premières victimes de l’avortement et nous savons trop la souffrance que cela provoque pour pouvoir rajouter une souffrance supplémentaire dans le cœur des femmes qui ont connu une IVG.
Alors maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
On enterre tout ça au fond de soi et on se dit que c’est la fatalité ou on se pose les bonnes questions :
Ne devient-il pas nécessaire d’éviter cette souffrance à nos petites sœurs ?
Ne pouvons-nous pas simplement dire que l’IVG, si elle nous a soulagé au début, a fini par nous rendre malheureuse ?
La meilleure IVG n’est-elle pas celle qu’on évite ?
« Il n’est jamais évident de devenir la demeure d’un autre. »
Si vous voulez qu’on évite de dire que vous objectifiez le corps des femmes, le minimum serait d’éviter de comparer le corps d’une femme à une maison dès la première ligne.
« Nous avons été les premières victimes de l’avortement »
Je ne pense pas. La première victime est cet enfant qui finit à la poubelle. Viennent ensuite, à égalité, le père et la mère.
A égalité car il a fallu être deux pour donner la vie – alors que la femme peut décider unilatéralement d’assassiner ce petit être sans défense. Quel scandale, notons d’ailleurs que dans l’hypothèse inverse (la femme ne veut pas avorter, mais l’homme souhaite qu’elle le fasse) l’enfant naît nonobstant l’opposition du père, qui sera forcé de verser une pension alimentaire.
Bref, on nage en pleine hypocrisie.
Quant à la remarque habituelle « t’es un homme tu ne peux pas juger », je répondrais l’exact inverse : les femmes, parce qu’elles sont femmes, ne peuvent pas objectivement juger cette situation tragique, puisque auquel cas elles seraient juge & partie.
« tomber enceinte » est une grave erreur de langage… On ne tombe pas enceinte comme on tombe malade ou on tombe d’une chaise …
On EST enceinte c’est un état (certains diraient une grâce) qui ne s’est pas fait tout seul. Ces erreurs de langage que vous relayez, bien malgré vous, ont changé l’état de la femme enceinte qui est normal naturel (et très beau ) en état presque pathologique . « On tombe » enceinte . La grossesse en France est surmédicalisée , et on peut la guérir tellement facilement . De grâce ne « tombez » pas de la facilité de ce langage mou et insignifiant du « tomber enceinte » !