Je me sens survivant car je suis :
J’avais une chance sur cinq de ne pas arriver à la lumière.
Je ne suis ni mon frère ni ma sœur. Désiré ou pas, ma vie apporte quelque chose au monde.
Je suis seul avec mes inquiétudes rétrospectives mais je les brûle avec mes nouveaux frères et sœurs survivants.
L’existence d’une personne à venir ne dépend pas que d’un foutu projet parental.
Ma vie a peut-être été une surprise et ça tombe bien parce que la vie EST une surprise.
Je rêve d’un armistice social qui permettrait à chacun de dire enfin sa souffrance.
Je me sens bien impuissant face à ce qui aurait pu m’arriver.
Fort de parler pour ceux qui ne l’ont jamais pu.
Je porte d’une certaine façon en moi toutes ces vies non écloses.
Je suis en fin de compte heureux de vivre et cette joie est ma manière de proclamer que chaque vie vaut la peine.
