Maternité : entre ombre et lumière
« Tu verras, on est jamais aussi femme qu’au moment de l’accouchement, c’est le pinacle de la maternité ». C’est le genre de phrase que l’on entend un peu partout, et que l’on accepte comme étant vrai sans trop se poser de question.
A vue de nez, comme ça, c’est vrai que ça a l’air de se tenir, l’enfant sort du ventre porteur, rencontre la vie, et connaît son premier instant de communion parfaite avec sa mère. En fait, selon cette phrase qui véhicule en fait une vision à part entière de la maternité, on cristallise le rôle de la mère sur un moment précis, sur l’instant précis de la mise au monde. Là où ça devient problématique, c’est que cette idée de cristallisation de la maternité au moment de la naissance est binaire et ne prend pas en compte l’entièreté de la vie de la femme ; on isole en fait l’accouchement pour en faire l’instant T où la maternité se réalise. En faisant ça, on occulte en fait tout ce qui compose la maternité pour ne se focaliser que sur une seule de ses manifestations.
Une femme qui fait le choix de devenir mère, c’est avant tout une relation qui se crée entre elle et son enfant à naître. De sa conception à son accouchement, puis pendant le long éveil et l’éducation de l’enfant. L’appellation « maternité » pour désigner les cliniques d’accouchement est en fait assez trompeuse, et tend à ramener toute la maternité au seul accouchement. Cette vision est en fait tronquée, et n’est pas représentative du concept de maternité. La relation que la mère noue avec son enfant est quelque chose qui se construit dans le temps, qui n’apparaît pas spontanément à un instant précis. Dans les neuf mois qui précèdent la venue au monde de l’enfant, la mère sait et que dans son corps une vie se développe et prend forme, de manière exclusive vis-à-vis du reste du monde. Ce ne sont pas les signes visibles de la grossesse qui déterminent la maternité, le lien entre la mère et son enfant commence à se tisser bien avant que le ventre ne s’arrondisse. Et ça, c’est impactant pour l’ensemble de la vie de la femme. La maternité, elle commence dès l’instant où l’on sent le bébé se former dans son corps. La maternité repose sur le principe de la dépendance ; l’enfant dépend intégralement et complétement de sa mère et ne peut survivre sans elle. La maternité sous-entend une responsabilité très forte ! On a réellement une vie en à charge !
Partant de là, on ne peut pas considérer comme c’est coutumier que l’accouchement est ce qui définit la maternité. La maternité se vit dans la durée, pas sur un seul moment. C’est d’ailleurs parce que la maternité a déjà été vécue neuf mois que l’accouchement est un instant si spécial. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas un mécanisme reposant sur on/off. La maternité n’est pas un système binaire et n’est pas cloisonnée dans la vie de la mère. C’est la raison pour laquelle il est mensonger de dire que l’avortement n’a pas de conséquence psychologique sur la femme. En se débarrassant du fœtus, c’est le processus naturel de communion et de lien qui est interrompu violement. Une femme qui porte en elle la vie voit son corps se transformer, et se prépare psychiquement à devenir mère. En arrêtant un processus si complexe et important, on laisse forcément des séquelles
Il faut arriver à considérer la maternité pour ce qu’elle est dans son entièreté, sans s’arrêter à la manifestation très évidente de l’accouchement. Considérons-là comme un aspect à part entière de la vie de ma femme, plutôt que comme un événement, au mieux une période bien défini dans le temps. Un aspect qui participe à la définition profonde et belle de ce qu’est la femme.