« Où t’es Papa, où t’es ? »
Allons, tout le monde connaît bien la chanson ! Et je me trompe peut-être, mais je pense n'être pas la seule personne à avoir pensé plus d'une fois, sans trop l'avouer, "mais c'est vrai ça, Papa, où t'es ?".
Mais où sont donc partis les Papas aujourd’hui ? Il y a toujours des enfants, donc des »géniteurs »… Mais des Papas ?
« Le Papa Pingouin s’ennuie sur sa banquise ». La chanson de Pigloo raconte la même histoire. Un papa qui s’ennuie sur sa planète n’a plus qu’un rêve, « partir ». Et c’est normal, il s’ennuie et ne se trouve plus utile, alors il rêve d’aller voir ailleurs et parcourir le monde. Mais comme dans la comptine, le petit enfant est bien triste de voir son papa s’envoler.
J’en finis là avec la métaphore. Depuis plusieurs temps, les femmes, en défendant leurs droits, ont peu à peu instauré un monopole de la parentalité, dénigrant la paternité du père : « mon corps, mon choix, mon choix ne regarde que moi ». Il est vrai que le choix de la femme s’impose de façon plus évidente et plus nécessaire que celui de l’homme. La femme, c’est indéniable, souffre bien souvent de la légèreté de l’homme face à la grossesse qu’elle vit, car lui ne réalise pas son bouleversement, et bien souvent la blesse.
Il est bien vrai que c’est elle qui le porte, cet enfant. Physiquement et psychologiquement, il est en elle. Et pas en l’homme. Pourtant, si la chanson « elle a fait un bébé toute seule » fait autant sourire, c’est que tout un chacun sait bien qu’une femme ne fait jamais un bébé toute seule. Il faut toujours un Papa. Une évidence ? Pourtant, pas tant que ça !
Au fond, est-ce astucieux de répondre à cette solitude que vit la femme par ce type de dogmes « maintenant les hommes, vous n’avez plus votre mot à dire » ? Cela résoudra-t-il la souffrance ? Non, au contraire.
L’enjeu n’est pas de faire disparaître la notion de paternité, mais bien de la restaurer, avec justesse.
Car paradoxalement, la femme rêve d’un homme compréhensif et investi, qui l’aide à porter ce bébé grandissant en elle.
Est-ce en demandant au père de ne pas pointer le bout de son nez dans les planning familiaux que la femme se sentira plus soutenue, quand souvent celle-ci s’y rend précisément parce qu’elle voudrait un homme concerné par sa souffrance ?
Sous une pression sociale qui les dépasse, les hommes s’interdisent de souffrir ou même de se sentir concernés par l’avortement : et sous prétexte de la laisser libre, souvent pleins de bonnes intentions, ils l’abandonnent. Or beaucoup d’hommes souffrent eux-même de se sentir écartés dans cette affaire. Oui mais beaucoup n’en ont que faire me direz-vous, et c’est bien vrai. Mais justement, rendons-les davantage concernés et empêchons cette anesthésie de leur sens de la parentalité, une anesthésie mortelle qui s’ancre socialement.
On leur reproche de n’être plus des hommes, mais dès qu’ils ouvrent la bouche sur le sujet, on les assomme : « ce n’est pas tes oignons ». Contradiction…
Le père sait bien qu’il est pour lui difficile de se sentir concerné, et beaucoup témoignent qu’ils se sentent vraiment père à la naissance. Bref, il y a urgence : en les brimant davantage, ils ne seront bientôt plus là du tout.
Si vous aussi Messieurs vous vous sentez Papa frustré, révolté par cette injustice, réagissez.
Si vous vous sentez brimés dans votre virilité, si vous trouvez restreint de devoir seulement choisir entre devenir un papa poule ou un papa invisible, manifestez-vous. Et elle malgré ses grands airs, sera sûrement heureuse de se sentir moins seule.
Bref, qu’on ne laisse pas Stromae s’interroger plus longtemps, et répondons-lui : « Ah sacré Papa, dis-moi où es-tu caché ? »