Transhumanisme, une fuite de l’homme ?

On a tous vue des films comme « Bienvenue à Gattaca », « Matrix », « Blade Runner » … Et en général, on passe un bon moment devant ces films, parce qu’ils sont très bons, d’une part, et parce qu’ils viennent nous toucher. Pourquoi ? Parce que tous, à leur manière, viennent se demander ce qu’est, ce qui définit un être humain dans une ère où celui-ci a été dépassé ; l’ère du post-humain. Et ça, c’est on ne peut plus actuel.

Le transhumanisme, c’est un peu le sujet à la mode. Tout le monde en parle, tout le monde à l’air de trouver génial de se dire que d’ici quelques années, on pourra se faire poser des prothèses ou des puces électroniques pour augmenter nos capacités, pour dépasser nos limites propres. Alors oui, sur le papier, ça peut avoir l’air génial et très philanthrope comme perspective. Sauf qu’en fait, c’est tout l’inverse. Au contraire ce genre de projet, qui n’est d’ailleurs plus du tout fictionnel, a comme but non pas de rendre l’humain meilleur, mais bien de s’en débarrasser. On ne parle pas d’un processus d’évolution naturel, ni d’un progrès de médecine permettant de s’épargner certaines pénibilités, mais bien d’un outrepassement des limites indépassables de l’homme.  Et là, on arrête tout de suite de s’enthousiasmer devant ces films pour se rendre compte de leur message.

Pourquoi voudrait-on passer outre l’homme, pourquoi voudrait-on cesser d’être homme en s’appropriant des capacités et des caractéristiques que l’homme ne pourra jamais avoir de manière harmonieuse et naturelle ? Pas très difficile de trouver la réponse ; parce que l’humanité, au sens de la nature humaine, fait peur. On n’en veut plus. Cela résulte d’un long processus historique et intellectuel, qui est passé par l’interrogation constante sur la destinée de l’homme. Arrivé au vingtième siècle, les horreurs de la Première et surtout de la Seconde Guerre Mondiale ont définitivement amenées l’homme à se détester et à se craindre par la constatation de ce qu’il a été capable de commettre de plus odieux.

L’homme post-moderne ne se supporte plus. Il ne veut plus être homme, parce qu’il ne veut plus avoir à supporter ses limites comme à assumer l’héritage historique les Guerres Mondiales. Et pour ça, il trouve des moyens pour se séparer de sa condition humaine. Et la première chose à faire pour ne plus avoir à supporter sa condition humaine, c’est d’en faire tomber les limites. Et l’IVG, c’est une des mesures les plus significatives de cette tendance. On intervient dans le processus de procréation, autrement dit dans l’une des expressions les plus fondamentales et primordiales de la nature humaine. L’homme se donne le droit arbitraire de ne pas faire exister son semblable, venant interrompre le processus qui est à sa propre origine. Cela signifie beaucoup.

Finalement, on y est peut-être déjà, dans le transhumanisme. Blade Runner situait son histoire en 2019, c’est-à-dire dans à peine deux ans. Ridley Scott ne s’imaginait sûrement pas être si proche de la réalité en réalisant son film en 1982, ni même Philip K.Dick en écrivant sa nouvelle « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » dont est inspiré le film en 1968. Pas celui spectaculaire de films de science-fiction, mais bien celui qui tente de dénaturer l’homme, de faire en sorte qu’il ne soit plus l’homme, au sens où celui-ci se définit par des limites dans ses capacités.

 

« Le progrès et la catastrophe sont l’avers et l’envers d’une même médaille » disait Hannah Arendt.

Au-delà des projets toujours plus ambitieux d’augmentation de l’homme grâce à des prothèses ou autre puces électroniques, la systématisation de l’IVG est déjà un signe que le transhumanisme est déjà implanté dans notre société. Au lieu d’accepter la vie humaine et de lui faire une place, on préfère l’éliminer sitôt qu’elle ne correspond pas exactement à ce que l’on voudrait. Un enfant n’arrivant pas au moment souhaité ou dû à une erreur de protection ? On avorte, et on en parle plus. La vie devient un fardeau. Est-ce vraiment uniquement le fœtus qui est éliminé, ou ne tue-t-on pas également à travers lui l’humanité indésirable qu’il représente ?

Si l’homme ne peut plus se supporter et qu’on essaye de le supprimer, comme c’est le cas de la mouvance actuelle : ne devrait-on pas plutôt essayer d’apprendre à mieux se connaître et à s’aimer ?
Car si on ne s’aime plus, comment peut-on aimer les vies à venir ?

 

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